Gathering

Nov
JEU 27
19h30
Danse
Durée 1h20 min | À partir de 8 ans
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Une ode à la vie pour conjurer la brutalité du monde

Conception, Texte et Direction Samar Haddad King Choréographie Samar Haddad King in collaboration with the performers Interprétation  Samaa Wakim, Mehdi Dahkan, Adan Azzam, Nadim Bahsoun, Charles, Dounia Dolbec, Yukari Osaka, Zoé Rabinowitz, Arzu Salman, Natalie Salsa, Yousef Sbieh, Enrico Dau Yang Wey, Ash Winkfield

Dramaturgie Enrico Dau Yang Wey Directrice adjointe Stephanie Sutherland Direction des répétition  Zoe Rabinowitz Création lumière Muaz Aljubeh Musique de Vivaldi’s Four Seasons “Recomposé” de Max Richter Musique originale de Samar Haddad King Création costumes et décor Nancy Mkaabal

Production +

Production

  • Production :
    Créé par Yaa Samar! Dance Theatre
    Productrice Claire Béjanin
    Chargée de production Manon Lacoste Chargée de production Frances Caperchi
  • Production Création et Tournée Européenne 2025/26 – Au Contraire Productions et Yaa Samar! Dance Theatre en co-production avec la Scène Nationale – Carré-Colonnes / Bordeaux Métropole, FAB Bordeaux, Scène nationale du Sud-Aquitain, Théâtre d’Angoulême – Scène Nationale, Scène Nationale – Brive-Tulle, La Coursive – Scène Nationale, Scène Nationale – Aubusson, Le Moulin du Roc – Scène Nationale, TAP – Scène nationale de Grand Poitiers avec le soutien de l’ONDA et du Ministère de la Culture dans le cadre du plan Mieux produire Mieux diffuser.

Ce projet est soutenu en partie par Mid Atlantic Arts et est présenté avec le soutien d’Ettijahat – Independent Culture, ainsi que de F.U.S.E.D., un programme de Villa Albertine et de la Fondation Albertine.

Avec le soutien en résidence de création du Grand Jeu : Espace de recherche artistique, création, expérimentation, en pleine nature.

Samar Haddad King
Yaa Samar ! Dance theatre

Ce spectacle est une invitation, une fête, une manifestation, une célébration des récoltes. C’est une soirée de contes et de jeux, un match ! Inspiré par son expérience, Samar Haddad King, artiste Palestino-Américaine, déploie tout son talent de raconteuse d’histoires dans une danse vibrante et festive, où paroles et musique retracent en creux la vie d’une femme dans un village assiégé. Gathering raconte le temps d’une soirée l’histoire fictive de la lutte d’une femme pour réconcilier ses souvenirs fragmentés.

Créé en collaboration avec huit artistes originaires du Japon, de Palestine, de Taïwan, de Turquie, du Danemark et des États-Unis ainsi qu’avec six interprètes français, chaque représentation est un événement unique, façonné par les spectateurs. Le public est en effet invité à devenir participant ou témoin d’une action collective, dans le but de briser les frontières traditionnelles du spectacle et de rassembler des groupes divers à travers des rencontres créatives. Libres de se déplacer pendant la performance, les spectateurs peuvent interagir avec les interprètes et la musique. Une montagne d’oranges et une échelle occupent le centre de l’espace autour duquel le public s’assoit. Il vient d’être convié à un mariage palestinien, point de départ de l’histoire d’une femme qu’on suit de ses fiançailles à son crépuscule, dans un jeu de flashbacks temporels et de chorégraphies virevoltantes.
Au cœur de ce récit polymorphe, le rassemblement – gathering – intrinsèquement lié au mode de vie palestinien, met une quinzaine de corps pris dans les rondes endiablées – le dabkeh traditionnel. Cette danse-théâtre immersive embarque corps et âme dans une grande fresque intime, créant de nouvelles manières de relier les cultures et les destins. Puissant et indispensable.

Écrit, dirigé et conçu par Samar Haddad King, artiste de la compagnie Yaa Samar! Dance Theatre, (reçue en janvier 2025 au théâtre Jean Lurçat avec la performance Losing it), ce spectacle est accueilli grâce à la coopération entre les huit scènes nationales de Nouvelle-Aquitaine et le Ministère de la culture via « Mieux produire, mieux diffuser »

 

La voix d’une artiste palestinienne sur la scène internationale

Le théâtre a accueilli Samar Haddad King, chorégraphe palestino-américaine, en janvier dernier pour le spectacle Losing it. Le public avait pu échanger avec elle et la danseuse Samaa Wakim après la représentation. Cet automne, avec le programme « Mieux produire, mieux diffuser » du Ministère de la Culture, les huit scènes nationales de la région Nouvelle- Aquitaine accueillent son spectacle, Gathering, créé à New York en 2024. Le théâtre l’a interviewée avant une prochaine rencontre le jeudi 27 novembre prochain.

Vous avez présenté Losing it à Aubusson le 31 janvier 2025 avec Samaa Wakim. Vous souvenez-vous du long silence à la fin du spectacle, avant que le public ose enfin applaudir ? Comment l’avez-vous vécu ?
Samar Haddad King
En général, quand les spectateurs restent silencieux, on se dit « Oh non, c’est qu’ils n’ont vraiment pas apprécié ! ». Mais ce soir-là, il s’agissait d’un autre genre de silence. J’aime cette honnêteté de la part du public, quand il n’applaudit pas de manière automatique, juste parce que c’est ce qu’on est censé faire à la fin d’un spectacle. Parfois, garder le silence pendant quelques instants s’avère nécessaire, surtout après une performance comme Losing it, qui traite particulièrement de l’impact des bruits et des sons sur le corps.
À la fin du spectacle, le salut est un moment de communion avec les spectateurs. S’ils se lâchent et qu’ils m’envoient de l’énergie à travers leurs cris et leurs applaudissements, je mets la même énergie dans mon salut. À Aubusson, je me rappelle être restée derrière ma console, sans bouger, dans le silence total, mais toujours avec le public. J’apprécie quand les gens prennent ce temps-là.
Quand on visite un univers aussi éloigné du sien, c’est normal de ne pas rentrer « chez soi » tout de suite. Pour moi, le théâtre peut réellement devenir un endroit de démocratie et d’égalité. Il suffit que personne ne se sente obligé de faire quoi que ce soit, et que chacun se sente libre.

Vous venez tout juste de revenir de Palestine. On dit que l’art aide à vivre : dans quelle mesure est-ce le cas pour vous en ce moment ?
SHK : Je suis en France pour participer au projet « The Herds » à Paris, dans lequel il y aura environ 150 artistes et marionnettes, mais j’ai dû commencer le travail à distance car aucun avion ne pouvait m’emmener sur place. Samaa Wakim était déjà en France, c’est elle qui a pris la production en main alors que je devais me contenter d’être en visio. Après environ 20 heures de voyage, j’ai directement enchaîné avec les répétitions, c’était irréel. C’est souvent comme ça quand on arrive dans le « monde extérieur », ce monde où tout fonctionne normalement. La plupart du temps, c’est très déroutant, perturbant. Ça me met en colère, contre les autres d’abord, et ensuite contre moi-même, car pourquoi en vouloir aux gens de vivre normalement, comme tout le monde devrait vivre ? L’occupation et les guerres menées contre nous, c’est ça qui est anormal. Je ne le souhaite à personne. L’art a le pouvoir de te sortir du réel mais aussi de t’y ramener. Ça te donne des ailes et te sert d’ancre en même temps. Moi aussi, j’ai eu envie de sombrer. Mais je me suis souvenue que j’ai le privilège de pouvoir continuer à raconter des histoires, contrairement à tous ces gens à qui on a violemment retiré cette possibilité. Alors, avec l’aide de mes amis et de mes collègues, je me suis relevée.

Gathering, que le théâtre accueillera le 27 novembre, est un spectacle qui parle des difficultés d’une femme à reconstituer des souvenirs fragmentés. Est-ce votre propre vie qui a inspiré cette histoire ?
SHK : Pour faire vite : non. Quand j’ai monté Gathering, je me suis focalisée sur le personnage d’Israa. Son rêve, au départ, c’était de se marier et d’avoir des enfants, ce qui n’était définitivement pas mon rêve à moi quand j’avais 25 ans. Je trouvais ça trop attendu, trop facile. Ce n’était pas quelque chose qui nécessitait de faire des efforts ou de lutter, puisque c’est ce que la majeure partie de la planète a tracé comme voie par défaut pour les femmes.
Mais pour Israa, c’était le but de sa vie. Et la guerre le lui a volé. À un moment, dans la pièce, elle dit : « Vous savez ce qu’il y a de pire avec la guerre ? C’est qu’elle vous vole vos rêves. »
Je pense tout de même qu’il y a un peu de moi dans chacun des personnages, même dans celui d’Ali, le fiancé. C’est une tempête, comme celle qui gronde à l’intérieur de moi. C’est le seul personnage de la pièce qui ne parle pas. Je pense que la colère, le deuil et la culpabilité que je ressens chez lui ne peuvent véritablement s’exprimer qu’au travers de la danse.

La formation et la transmission sont des sujets qui vous tiennent à cœur. Comment envisagez-vous le futur des jeunes artistes palestiniens ?
SHK : La formation et la rencontre avec les publics sont deux aspects de mon travail qui sont aussi importants pour moi que la création. L’art est un outil de lien social. Les formes artistiques traditionnelles m’inspirent énormément car elles sont la plupart du temps présentées au public dans des contextes très sha’bi (populaires) et non dans des théâtres fermés. Bien souvent, tout le village est le bienvenu aux représentations.
En ce moment, je ne suis pas chez moi. Mais même quand je suis en Palestine, il y a des règles strictes qui rendent difficile le fait de se rassembler. Depuis 2020, à Gaza, on a mis en place des programmes de formation en ligne pour pallier cette impossibilité de se voir en personne. Cet automne, on espère pouvoir organiser des formations pour les jeunes en présentiel à Jérusalem, qui seraient basées sur notre projet 3 x 13*.
Mon objectif, c’est de continuer par mes formations à aider des artistes à trouver leur voix. L’idée n’est pas d’oublier ou de passer sous silence ce qu’on a vu ou expérimenté mais de l’incorporer à son art, tout en disant exactement ce qu’on a envie de dire. Parce qu’à un moment donné, l’Art, qu’est-ce que c’est ? C’est une porte. C’est un miroir. Mais si personne ne vous invite à ouvrir cette porte ou à vous regarder dans ce miroir, ce n’est rien de plus qu’une tribune, et votre propos se retrouve dilué, comme sur les réseaux sociaux ou dans les médias. L’art devrait être une invitation : c’est dans cette direction que je veux continuer à travailler.

* https://3x13film.ysdt.org

Samar Haddad King a étudié la chorégraphie à l’Ailey School/Fordham University à New York et est la fondatrice et directrice de Yaa Samar! Dance Theatre. Elle a été artiste en résidence à Chaillot – Théâtre national de la Danse à Paris et Resident Fellow et Toulmin Creator à l’Université de New York. Elle a réalisé les chorégraphies de We Live in Cairo (American Repertory Theatre, Boston) et a publié un chapitre sur la danse dans le monde arabe dans Contemporary Choreography (Routledge, 2018).

Retrouvez l’interview de Samaar haddad King dans le Fil d’automne 2025

 

 

  • ATELIER DE DANSE AVEC YAA SAMAR! DANCE THEATRE

Le théâtre propose un atelier de danse dans le cadre de la venue de la compagnie Yaa Samar! Dance Theatre, avec la chorégraphe Samar Haddad King. Il s’agit atelier de mouvement autour du spectacle Gathering donné le jeudi 27 novembre (cf. p. 20), qui comprend un échauffement, des jeux collectifs, de l’improvisation de groupe, un travail sur le rythme et la voix, ainsi que du dabkeh (danse traditionnelle du Levant). Des temps de discussion seront également proposés, sur l’histoire de la compagnie et le projet Gathering, ainsi qu’autour des cultures du rassemblement propres aux participant·es. Les danses contemporaines et folkloriques seront ainsi abordées pendant le stage.
Mercredi 26 novembre • 19h à 21h.
À partir de 15 ans.
15 € + adhésion au théâtre.

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