Pour préparer la future loi bioéthique, le comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) organise une consultation citoyenne, s’appuyant sur les acteurs locaux, et dont la coordination régionale est assurée par l’Espace de Réflexion Éthique de Nouvelle-Aquitaine (ERENA). Localement, la CPTS* La Licorne, partenaire de la Scène nationale sur les questions de santé, a choisi de contribuer à ces états généraux avec le thème de la santé liée à l’environnement, en invitant Thierry Thévenin, auteur et herboriste, le lundi 2 février à 19h30.

La CPTS s’est saisie de cette consultation nationale afin d’investir le champ de l’éthique ; c’est aussi un moyen d’ouvrir largement ces sujets au grand public, et pas seulement à un public averti de professionnels de santé. Ainsi l’idée a germé de convier au théâtre Thierry Thévenin : installé à Mérinchal depuis 1987, il est producteur de plantes médicinales, cueilleur de plantes sauvages et auteur de nombreux livres sur ces sujets.

Théâtre Jean Lurçat : Qu’est-ce qui vous a motivé à répondre positivement à notre invitation ?
Thierry Thévenin : Tout d’abord j’aime sincèrement mon pays, j’aime son silence, ses arbres, ses ruisseaux, ses ciels étoilés et la simplicité de ses habitants, j’aime la Creuse et c’est pour moi une belle occasion de partager cet amour dans un lieu emblématique des richesses de cette petite région rurale. Je crois que c’est l’imaginaire collectif issu de la mémoire du passé tout autant que les aspirations des habitants d’aujourd’hui qui construit les grandes lignes des conditions de vie des futur·es Creusois·es. Je crois aussi que notre pays de sources où les eaux s’écoulent dans différents bassins versants, que notre environnement encore préservé au regard de tant d’autres régions d’Europe est quelque chose qui doit être regardé attentivement, évalué, honoré et porté par l’initiative populaire. Quoi de mieux qu’un théâtre pour cela ? Le théâtre est, dès ses origines occidentales en Grèce le lieu de la réflexion, du questionnement voire de la critique, le lieu où on prend du recul sur la destinée et la Cité.

La CPTS a les compétences pour aborder la question de la santé. Les promesses institutionnelles et politiques médicales et sociales du XXe siècle sont mises à mal par la dégradation de notre environnement naturel, culturel, émotionnel, matériel et immatériel, c’est un fait. La tendance est globale et la solution le sera également ou ne sera pas. Je crois à l’intelligence collective, aux petits pas partagés ensemble, modestes mais concrets et salutaires.

TJL : Pourquoi santé et environnement sont-ils liés ?
T.T. : Je suis convaincu que notre santé est l’exact reflet de notre environnement. Notre état physique et psychique est en quelque sorte l’expression individuelle et particulière des opportunités et des contraintes que nous offre notre milieu de vie. Si on reprend la définition de l’OMS*, la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » et il définit plus précisément la santé mentale en tant qu’« état de bien-être dans lequel l’individu réalise ses propres capacités, peut faire face aux tensions ordinaires de la vie, et est capable de contribuer à sa communauté ». Certes nous ne sommes pas égaux selon notre profession, âge, revenu, ou même notre héritage génétique, mais nous respirons ici et maintenant tous globalement le même air. On doit se souvenir que près de 800 000 décès/an prématurés sont causés par la qualité de l’air en Europe. Combien de nouveaux arrivants en Creuse ont été motivés par cet aspect ?

* Communauté Professionnelle Territoriale de Santé
* Organisation Mondiale de la Santé